Forestier et Disphagies
La maladie de Forestier encore appelée hyperostose ankylosante vertébrale engainante ou hyperostose ankylosante
sénile rachidienne, est une enthésopathie non inflammatoire responsable d’un désordre musculo-squelettique.
Elle est caractérisée par une hyperostose exubérante “en flamme de bougie” des faces antérolatérales des corps verté
braux avec une prédominance thoracique . Elle
affecte des patients âgés de plus de 50 ans, avec un sex
ratio de 3 .
D’étiologie inconnue, certains mécanismes ont été évoqués tel qu’un désordre du métabolisme de la vitamine A,
ou un rôle de l’insuline par stimulation de l’hormone de
croissance. On incrimine l’obésité, l’hyperuricémie et le diabète de type II . Aucun facteur de risque n’a été noté chez les patients.
La maladie est le plus souvent asymptomatique de découverte radiologique fortuite. Elle peut se manifester par une
douleur rachidienne généralement modérée associée à
une raideur. Le rachis cervical est atteint dans 14 à 76%
des cas .
Les complications neurologiques telles que les compressions médullaires ou radiculaires, les compressions nerveuses périphériques, les paralysies récurrentielles laryngées sont rares .
La dysphagie est un symptôme révélateur de la maladie de
Forestier dans 0,1 à 28% des cas . Elle est due à plusieurs mécanismes. La compression mécanique directe du
pharynx et/ou
de l’oesophage par l’hyperostose antérieure
provoque une dysphagie par obstruction .
A un stade plus avancé, les ostéophytes enchâssés dans la paroi musculaire peuvent induire des troubles fonctionnels du péristaltisme qui vont s’aggraver ensuite par l’inflammation et par la réaction de fibrose musculaire, réalisant ainsi une forme pseudo-tumorale.
La dysphagie est en général plus marquée pour les solides
que pour les liquides, s’améliore par la flexion du rachis
cervical et s’aggrave par l’extension . Elle peut s’accompagner d’odynophagie, de stase salivaire, de dysphonie, de dyspnée, d’apnée du sommeil ou de fausses routes.
Le diagnostic est évoqué sur les radiographies standards
du rachis. La tomodensitométrie (TDM) permet d’apprécier
l’extension de l’ossification en forme de “double corps vertébral” vers les organes de voisinage ainsi que le calibre du
canal rachidien et des foramens inter-vertébraux .
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est indiquée
en cas de complications neurologiques.
Le transit oesophagien est demandé dans le cadre de l’exploration d’une dysphagie.
Le diagnostic de la maladie de Forestier se base sur des
critères radiologiques établis par Resnick et al. dans les
années 70 et qui sont toujours d’actualité :
1. Calcifications et ossifications le long de la face antérolatérale de 4 corps vertébraux contigus.
2. Relative préservation de la hauteur des disques intervertebraux dans les zones atteintes.
3. Absence d’ankylose des articulations inter-apophysaires
postérieures et absence de sclérose des articulations
sacro-iliaques.
L’endoscopie oesophagienne, au mieux avec un endoscope souple permet d’évaluer la compression et d’apprécier
l’état trophique de la muqueuse pharyngo-oesophagienne.
Le diagnostic différentiel se pose avec l’arthrose et les
spondylopathies. C’est là que les critères de Resnick prennent toute leur importance.
Il n’existe pas à nos jours de traitement préventif de la
maladie de Forestier. La physiothérapie peut améliorer la
raideur rachidienne. Le traitement médical repose sur les
anti-inflammatoires non stéroïdiens, voire des bolus de corticoïdes associés à un myorelaxant et à un régime antireflux.
Le traitement chirurgical est indiqué dans les cas de dysphagie sévère ou hyperostose cervicale très proéminente
devant le risque de fausses routes.
CONCLUSION
La maladie de Forestier se manifeste par une dysphagie.
Ce symptôme ne doit pas être négligé car il expose à des
fausses routes et à des lésions irréversibles de la paroi
postérieure de l’oropharynx.
Le diagnostic est essentiellement radiologique. La prise en
charge de la maladie ne sera entreprise qu’après avoir éliminé une pathologie tumorale pharyngo- oesophagienne.
Le recours à la chirurgie est justifié dans les formes sévères.
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